Allons, c'est l'heure.
Il nous faut laisser partir
Les jeunes gréements
Qui tirent d'impatience
Sur leurs ancres.
Leurs cuivres rutilants
Font de l’œil au soleil,
Leurs voiles toutes neuves
Se gonflent avec orgueil
D'innocence affamée.
Leur pont juste vernis
N'a pas connu l'embrun
Ni la lourdeur du ciel,
Et l'horizon aveugle
N'est qu'un festin promis.
Allons, c'est l'heure.
Leur avons-nous donné
Les cartes mises à jour ?
Ont-ils bien dans leurs cales
Nos plus précieux trésors ?
Avons-nous vérifié
La toile et les cordages ?
Fallait-il faire plus
Pour mieux les retenir ?
Allons, c'est l'heure.
Était-il différent
L'âge auquel nous partîmes ?
Étions-nous préparés
Au premier ouragan ?
Allons, c'est l'heure.
Désormais,
Dans la conscience
Qu'ils sont faits pour voguer,
Mais
Dans l'incertitude de leur cap,
Dans l'ignorance des vents contraires,
Dans la crainte des abordages,
Dans les récits de monstres,
Dans nos ventres noués,
Dans nos prières blêmes,
Nous ne dormirons plus...
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